Escoussans par Henri Deloubis

(livre de l'A.S.P.E.C.T., septembre 2002)

(pages 11 à 16)

 

30 km au sud de Bordeaux, 500 ha d'un territoire accidenté dominé par des crêtes, celles de Bareille, Pasquet, Liron qui surveillent l'environnement : Réolais, La Tour de Casseuil, Landes, Sauternais, Château Filhot, La Tour Blanche, Clocher de Budos, n'échappent pas à ces investigations permanentes.

Une vallée épaule la commune du Nord au Sud. Un ruisseau, l'Euille, né à la limite du partage des eaux Dordogne / Garonne a servi maintes fois de frontière non seulement à ce territoire, mais encore à des entités administratives telles que les diocèses de Bordeaux et de Bazas, ou encore aux arrondissements de la République. L'Euille dont l'énergie, les crues, ont marqué la vie de cette région, coule dans une vallée parfois profonde, seule voie utilisable pour traverser la ligne de coteaux avant le fleuve. Cette difficulté franchie, il finissait en beauté sous les remparts du château de Cadillac, trouvant là l'occasion de rappeler, au Duc d'Epernon, la Benauge qu'il venait de quitter.

Cet itinéraire était connu de toujours. Nos Grands Aînés ont parcouru ce sillon pour cheminer vers l'ouest et le sud. Sans doute, pendant le trajet, ont-ils utilisé les abris sous roche creusés par le flot dans la falaise calcaire, par exemple à la Côte du Batan, où fleurissent les perce-neige ambassadrices du printemps. Sans doute ont-ils laissé des témoins de leur passage tels ces petits silex, si précieux qu'ils devaient surtout leur servir de monnaie d'échange. En tous cas, leurs descendants, suivant le même itinéraire, accédaient à cette Garonne qui, en une seule marée, les portait vers la métropole. Il ne s'agissait point de tourisme mais de commerce pratiqué par les plus audacieux de populations venant du Haut Pays.

Les locaux avaient moins d'efforts à produire que ces marchands courageux pour vivre et faire vivre tous ceux dont ils avaient la charge. Alors que la vallée offrait des pâturages faciles pour tous les animaux élevés sur leurs exploitations, le flanc des collines proposait des terrains facilement cultivables pour produire les denrées nécessaires à la vie de tous.

Plus tard, nous découvrirons dans les cartes de Belleyme, par exemple, l'importance de l'implantation de la vigne sur ces territoires. Certes, la surface de chaque parcelle n'était pas considérable, simplement à la mesure des moyens mis en oeuvre. Cette production de vin, toujours appréciée, jouissait d'un privilège accordé par Pey Berland qui donnait aux vins issus de cette région le droit d'accès à Bordeaux tout comme les crus produits sur la rive gauche de la Garonne dans la mesure où l'accès au fleuve était possible.

En effet, la difficulté des échanges avec la vallée a toujours influencé les rapports, tant humains que commerciaux, de tout ce Pays et la population locale a dû faire face en de nombreuses circonstances pour résoudre ses difficultés. De là, cet esprit plein de courage et d'initiative pour faire front, aller de l'avant et survivre.

Ce "problème" semble en grande partie résolu lorsque, en 1832, le Conseil Général de la Gironde a créé un réseau routier "structurant" dans le département. Traversé par l'itinéraire de Branne à Casteljaloux, le chemin de grande communication n°11 offre à Escoussans la facilité d'accéder aussi bien à Branne qu'à Cadillac. Une inauguration dont on se souvient encore puisque le Préfet de Service a fait halte ce jour-là dans une maison du bourg de notre commune. La plaque apposée sur la bâtisse atteste encore de l'événement. Il s'agit bien d'un "événement" car, à partir de ce moment-là, tout était permis en matière de relations commerciales. L'économie locale a été dopée et mieux orientée donnant à tous une chance pour vendre les produits de l'exploitation. Les élus locaux par contre, pour ne pas être en reste, ont dû accélérer le programme de construction ou d'entretien des chemins vicinaux dans la commune. Une tâche énorme à laquelle nos édiles se sont courageusement attaqués.

Ils avaient du tempérament, ces Escoussanais, et ne fuyaient pas leurs responsabilités. Nous retrouvons en eux la même ardeur dont faisait preuve Bernard d'Escoussans, seigneur de Langoiran, qui guerroyait contre Saint Gérard de La Sauve. C'est ainsi qu'ils durent donner satisfaction à bien des revendications et, notamment, à cet habitant du village de Miaille se plaignant des difficultés qu'il éprouvait pour se rendre à l'office du dimanche du fait du mauvais état de son chemin boueux et défoncé.

Pour la première fois, peut-être, le destin de la collectivité était entre les mains de ses administrateurs. Désormais, la commune évoluera en fonction du dynamisme et du travail que sont capables de produire ses responsables élus.

Pratiquement, les Escoussanais se prennent en charge. Ils ne manquent ni de courage, ni d'ambition. C'est ainsi qu'ils bâtissent l'école en 1887 pour donner à tous leurs enfants une éducation de base, se préoccupent de construire un presbytère pour avoir un curé bien à eux et procèdent à l'entretien du clocher où ils installent une cloche neuve. Cette cloche rythme la vie de nos collectivités, contact rapide avec les habitants qui l'écoutent et interprètent ses messages. En un mot le pays vit et démontre sa foi en l'avenir.

La Commune compte alors à peu près 350 habitants. L'agriculture représente l'activité essentielle et chaque propriété doit faire vivre la famille de l'exploitant et celles des salariés qui collaborent parfois aux travaux - ce qui explique la diversité des cultures vivrières auxquelles il faut ajouter celles capables de procurer des recettes financières. Celles-ci sont essentiellement orientées vers la production de vins.

Le pays est en effervescence. Les artisans sont capables de réaliser la plupart des travaux locaux. Collaborateurs de l'agriculture, forgerons, maréchaux-ferrants, tonneliers sont renforcés par les charpentiers, tailleurs de pierre, maçons ou tisserands et tailleurs d'habits. Bien évidemment, meuniers et boulangers font partie de l'entité communale pratiquement autonome, sans oublier l'épicière qui vend aux enfants qui déjeunent à l'école la barre de chocolat ou encore la sardine à l'huile, pour accompagner la tranche de pain emportée pour déjeuner à midi.

Le pays bruisse de toute cette activité. Tout le monde vit de la même manière, simplement, chichement peut-être, mais vit en famille, solidaires, heureux d'être ensemble, parlant patois au cours des soirées rassemblés au coin du feu, écoutant les récits des Anciens porteurs de cette culture orale génératrice de notre civilisation.

C'est dans ce bonheur que vont arriver des catastrophes épouvantables. La guerre de 1870 avec l'humiliation nationale ; l'oïdium, le phylloxéra qui, en quelques années, ont complètement détruit le vignoble ; la guerre de 1914.

40 années de transition difficiles à vivre, caractérisées par la nécessité de faire face, de préparer un nouvel avenir pour laver l'affront de la guerre de 70. L'éducation oriente non seulement les nouvelles générations, mais le peuple tout entier dans cet état d'esprit. Telles ces chansonnettes colportées de villages en villages qui chantent des louanges de ces enfants résistants à l'oppresseur, de ces soldats qui ne flaibliront pas, prêts à donner leur vie pour que vive la France. Repris en choeur dans toutes les assemblées, ces refrains accompagnent notre population jusqu'en 1914, début de la Grande Guerre.

Période épouvantable, le désir de vaincre motive le comportement de chacun. Nos habitants participent : "se maintenir et survivre" sont les objectifs. Pas d'ambitions locales, si ce n'est d'amplifier l'effort général. Exsangue, épuisé mais vainqueur, le pays se réveille difficilement 4 ans plus tard. 8 noms sont inscrits sur notre monument érigé dans notre cimetière. Les soldats revenus, blessés pour la plupart, doivent relancer leurs exploitations, installer des vignes résistantes au phylloxéra, retrouver une place dans l'économie générale. Le nombre de déclarations de récolte est toujours le même, 60 à peu près, comme au temps de la Marquise de Boursin

Si la guerre a provoqué des changements importants dans bien des domaines, il n'en a pas été de même en agriculture où l'on utilise toujours le collier de gorge ou le joug pour atteler les animaux qui tirent les socs. Quelques machines à traction animale inventées par nos artisans suppléaient une main d'oeuvre déficiente ou fatiguée. Mais, rien d'essentiel n'est intervenu dans la façon de travailler. La municipalité soucieuse du confort des administrés, et pour essayer d'enrayer un exode rural qui commence à s'amorcer, provoque l'installation du réseau électrique qui, dans un premier temps, servira à éclairer nos maisons. C'est en 1923 que les premières ampoules de 25 watts commenceront à éclairer nos soirées. En attendant les trois fils de la force motrice. "L'électricité de la Benauge" avait effectué cette mise en place 15 ans avant dans certaines communes voisines.

Les loisirs aussi sont au programme, et la construction du "foyer familial" donne l'occasion de rassembler en de nombreuses circonstances toute la population de la commune qui a besoin de se retrouver pour reprendre confiance. Ce sera le départ d'un dynamisme nouveau qui rapprochera toute notre jeunesse, organisatrice de manifestations inoubliables, comme la série des bals d'hiver et le fameux bal du Moulin Rouge.

C'est à nouveau la guerre - longue cette fois encore - éprouvante. Les Escoussanais, privés de leurs forces vives, doivent faire front. Exploiter leurs terres, faire tourner leurs ateliers, organiser leurs ressources, maintenir leur patrimoine, vivre de rien. La municipalité assure la répartition des cartes d'alimentation, essaie de proumouvoir une solidarité qui aide chacun à tenir le coup, étudie et conforte au cas par cas. Seul programme ambitieux : "organiser la survie" ; six années pénibles, mais qui précèdent une époque extraordinaire où brutalement tout a changé.

C'est la fin de la guerre. L'intervention des troupes américaines, une nouvelle fois, a été déterminante ; utilisant des moyens inconcevables, en collaboration étroite avec les Alliés qu'ils avaient soigneusement équipés, ils vont avoir raison de l'armée allemande pourtant jusque là remarquablement efficace. L'équipement mécanique sera à la base de ce succès. Des engins qui ne ressemblaient à aucun autre conçus pour la guerre ont parcouru notre territoire obligeant l'ennemi à se replier derrière ses propres frontières. En quelques temps, le courage et la détermination de ces Alliés, la puissance des moyens mis en oeuvre ont permis de clôturer le conflit. La France libérée, ses soldats revenus exprimaient leur admiration, leur reconnaissance à ses libérateurs. La façon de se battre, le matériel utilisé, les avaient impressionnés.

Désormais, les engins mécaniques avaient fait la démonstration de leur efficacité. Marqués par cet état d'esprit, les plus jeunes de notre commune regardaient avec curiosité d'abord, puis envie, les nouveaux modèles de tracteurs que l'on présentait en démonstration.

Rapidement dotés par nos artisans locaux d'un outillage adapté à nos exploitations, quelques prototypes commencèrent à entrer dans nos parcelles.

Leur efficacité au labour était indéniable, 7 ou 8 fois plus rapides que les boeufs. Leur polyvalence se confirmait tous les jours et surtout l'attrait de promotion pour l'utilisateur confirmait le désir d'acheter et de s'équiper. Les conditions financières d'achat étaient acceptables pour notre économie de sorte que l'impact et la pénétration ont été très rapides dans nos exploitations, retenant en place les jeunes qui avaient eu envie de partir pour vivre autrement. Escoussans abandonnait ses attelages et ne parlait plus que d'outils, de machines plus performantes. "La grande évolution était amorcée."

Très rapidement, Escoussans devenait la "commune la plus motorisée d'Europe" comme le déclarait un très haut fonctionnaire de l'Agriculture.

Le contrat tacite qui liait le laboureur à son attelage "nourriture contre travail" devenait obsolète. Achat de carburant, charges nouvelles, obligèrent les utilisateurs à concevoir une programmation de dépenses, en un mot un budget. Mot nouveau dans l'économie de subsistance qui nous régissait tous. Désormais, il faudra parler recettes, capitaux, amortissement, comptabilité. Tous les jeunes de la commune se sont prêtés à cette mutation se soumettant à une formation spécifique, très largement diffusée, confirmée par un diplôme d'Etat qui leur ouvrait des droits nouveaux.

Techniques nouvelles de travail, valorisation des produits, vente directe, mises en bouteilles augmentent le chiffre d'affaires et garantissent mieux le pouvoir d'achat.

Néanmoins, l'attrait de la ville est irrésistible. La main d'oeuvre se fait rare. De nombreux enfants, fils d'exploitants, fils d'ouvriers agricoles quittent la terre, s'orientent vers des situations différentes, en milieu urbain. Nous en retrouverons dans l'armée, plusieurs finiront colonel, docteur en médecine, fonctionnaires au plus haut niveau dans l'administration ou encore artisan d'une nouvelle génération, collaborateurs incontournables des agriculteurs, spécialistes des techniques les plus évoluées, gestionnaires de sociétés. Tous sont partis et reviennent de temps en temps au pays, dans la maison familiale, où le frère et la belle-soeur, restés sur place, font valoir le domaine, gèrent la production, la vente des bouteilles à ces clients qu'il faut découvrir, satisfaire, s'attacher pour assurer l'avenir.

Le rôle des épouses plus particulièrement chargées de cette gestion compable et administrative est absolument essentiel pour la bonne marche de l'affaire. Aussi bien en agriculture que pour nos artisans, ceux qui réussissent travaillent en couple. Une fonction différente pour les épouses, qui découvrent là aussi le moyen de s'épanouir. Une fonction très différente de celle que leur mère ou leur grand-mère avait exercée dans la famille. Leur tâche est fine et délicate. Souhaitons qu'elles puissent transmettre aux enfants l'esprit de la maison, la culture du passé car il faut maintenir notre civilisation. A l'époque de la télé, du ramassage scolaire, du baladeur, cela ne doit pas être facile.

Il fait bon chez nous, Maître Pierre. Nous qui sommes restés à Escoussans, nous n'avons pas à faire de complexes par rapport aux habitants des agglomérations plus importantes. Les municipalités, au fil des ans, ont doté la commune de tous les équipements capables de satisfaire les plus exigeants : routes, électricité, eau, téléphone, collecte d'ordures, école avec ramassage scolaire, services de la mairie, susceptibles de donner satisfaction au plus grand nombre. L'équipe d'Escoussans, viticulteurs dynamiques, produit des vins en bouteilles livrés aux particuliers. Exploitant au maximum les qualités d'un terroir viticole exceptionnel, ils mettent tout leur savoir, tout leur coeur, pour élaborer ces produits appréciés comme l'attestent les récompenses et médailles obtenues tous les ans dans les concours les plus prestigieux. Ils peuvent avoir confiance en l'avenir, certains de vivre mieux que quiconque, car, ayant su raison garder, ils restent au Pays, entourés d'amis, dans un environnement agréable, où l'on peut encore entendre chanter les petits oiseaux.

 

 

 

Portes ouvertes du Haut-Benauge (5 juillet 2009)

Sur la photo ci-dessus (de gauche à droite) :

Jean-Michel MENGUIN (président du Syndicat Viticole de Bordeaux Haut-Benauge, maire d'Escoussans)

Alain LEVEAU (conseiller général du canton de Targon, maire de Bellebat)

Henri DELOUBIS (président d'honneur du Syndicat Viticole du Haut-Benauge, maire honoraire d'Escoussans)

Joseph ROBERT (personnage du tableau, offert par Catherine de Gabory) (Premier président du Syndicat Viticole du Haut-Benauge en 1925, proriétaire-viticulteur à Ladaux - Château d'Hauretz)

Cliché : Jacques Gaye

Eloge funèbre de M. Henri DELOUBIS

prononcé par M. Jean-Michel MENGUIN (maire d'Escoussans)

dans l'église Saint-Seurin Saint-Roch d'Escoussans, le 26 août 2009.

 

   Né le 27 août 1925 à Escoussans, Henri Deloubis entre en pension à Bazas à l’âge de 10 ans ; il poursuit sa scolarité au lycée Saint-Elme, à Arcachon.

   A la fin de ses études, il revient sur la propriété épauler son père, Pierre – ce dernier est très occupé par ses mandats de maire et de conseiller général.

   Jeune viticulteur, il crée, en compagnie d’André Lurton et de Francis Naboulet entre autres, le Cercle Départemental des Jeunes Agriculteurs, devenu par la suite Centre Départemental des Jeunes Agriculteurs.

   L’équipe s’étoffe et lance une grande manifestation aux côtés de Joseph David et de nombreux collègues, « la démonstration de moto-viticulture », d’abord à Laroque, puis à Donzac et à Sauternes.

   Passionné de mécanique, il prend en charge la partie technique de ce rassemblement qui connaît un immense succès.

   Dans la foulée, il participe à la création du Syndicat Viticole de l’Entre-deux-Mers, en 1952.

   Henri Deloubis devient également président du Syndicat Agricole de Cadillac, au côté de Pierre Déjean – une fonction qu’il occupait encore.

   Elu conseiller général du canton de Targon en 1964, succédant à son père, Pierre Deloubis, lui-même conseiller général de ce canton depuis 30 ans, Henri Deloubis s’est particulièrement impliqué au Conseil Général de la Gironde dans tous les problèmes touchant à la viticulture, à l’agriculture et, d’une manière générale, au monde rural.

   Vice-président du Conseil Général de 1985 à 1988, chargé de l’agriculture, sous la présidence de Jacques Valade, Henri Deloubis a été constamment réélu pendant 30 ans.

   Il devient président de la Caisse Locale du Crédit Agricole de Targon en 1981 et le restera jusqu’en l’an 2000.

   Il entre également au conseil d’administration de la Caisse Régionale du Crédit Agricole à Bordeaux, et en est élu vice-président sous la présidence de Pierre Perromat.

   Henri Deloubis a réalisé bien d’autres actions et a occupé bien d’autres fonctions qu’il serait trop long d’énumérer.

   Homme de conviction, homme modéré, homme de cœur, il entretient avec ses collègues maires du canton des relations conviviales, pour mener à bien les projets communaux et cantonaux.

   Maire de notre commune de 1965 à 1995, une de ses grandes réalisations fut le maintien de l’école d’Escoussans, après de longues négociations avec l’Académie de Bordeaux, en créant un des premiers R.P.I. (Regroupement Pédagogique Intercommunal) de la Gironde.

   Président d’honneur du Syndicat Viticole du Haut-Benauge, chevalier de l’Ordre National du Mérite, officier du Mérite Agricole, titulaire des Palmes Académiques, maire honoraire, d’une probité exemplaire, proche des familles d’Escoussans et du canton de Targon, se réjouissant de leurs bonheurs, compatissant à leurs malheurs, discret mais toujours là, attentif, disponible, ne ménageant ni son temps ni sa peine pour rendre service, cet homme, c’était RIQUET.

   Enfin, nous avons une pensée particulière pour Mimie, sa sœur, qui l’a épaulé toute sa vie, et à qui nous exprimons toute notre amitié.

 

Démonstration de moto-viticulture à Donzac, filmée par Pierre Segonnes.
Démonstration de moto-viticulture à Donzac, filmée par Pierre Segonnes.

Manuscrit d’André LURTON (le 10 septembre 2009) :

 

« Monsieur Henri DELOUBIS

   J’ai connu Henri Deloubis au Collège de Bazas, sous la férule des Pères de Bétharam. J’étais une classe au-dessus de lui, compte-tenu de notre différence d’âge de un an.

   Etant presque voisin, et compte-tenu de son amitié pour mon frère Lucien, nous étions souvent ensemble.

   Henri, pour nous, n’était pas encore « Riquet » et nous avons été très rapidement de grands amis.

   Je me souviendrai toujours de ses plaisanteries et de son rire moqueur.

   Séparés par la guerre, nous nous sommes retrouvés lorsque j’ai entrepris de créer en Gironde le Cercle des Jeunes de la C.G.A. J’ai fait appel à Riquet pour participer à cette opération qui nous a rapidement permis de posséder quatre mille adhérents, sous le nom de Cercle des Jeunes Agriculteurs Girondins (CJAG).

   Henri était membre de notre bureau départemental. Ceci se passait de 1959 à 1965. Nous organisions des congrès qui se tenaient à l’Athénée de Bordeaux. Pour l’un d’entr’eux, nous étions 1500 jeunes qui débordaient de la salle de réunion dans la rue des Trois Conils.

   Toujours dévoué à nos actions, il fut également le bras droit de Joseph David pour l’organisation annuelle de la Démonstration de Moto-Viticulture de Cadillac, laquelle se passa en divers endroits du secteur, à Laroque, Donzac ou Sauternes.

   Riquet, qui aimait bien la mécanique, était chargé de la partie technique où il excellait.

   Lorsque j’ai pris l’initiative, à la demande des responsables nationaux et régionaux de l’I.N.A.O. de rénover l’appellation contrôlée « Entre-Deux-Mers » qui dormait d’un profond sommeil, Henri Deloubis fut immédiatement à mes côtés. Nous avons réussi ensemble, avec bon nombre de nos collègues du Cercle des Jeunes Agriculteurs, une véritable révolution, mettant en place un système qui ne fut repris par les organisations professionnelles comme le C.I.V.B. que quelques 20 ans plus tard.

   Notre décret fut pris rapidement ; il contenait l’obligation de la dégustation pour obtenir l’appellation du vin blanc sec « Entre-Deux-Mers ». Nous fûmes le premier syndicat viticole en Gironde à obtenir ce critère. Nous avons alors constitué une commission interprofessionnelle avec des négociants spécialisés dans les vins blancs, pour fixer le prix annuel de nos vins. Les achats étaient obligatoirement accompagnés d’un contrat (bordereau) entre le viticulteur et le négociant. Si le prix fixé n’était pas atteint, le certificat d’agrément n’était pas délivré. Sur ce contrat, figurait une participation commune, par moitié, de l’acheteur et du vendeur à un fond permettant de faire la promotion de l’appellation « Entre-Deux-Mers ».

   Riquet avait participé à tout cela dans l’enthousiasme de notre jeunesse. Il a toujours été un de nos appuis le plus fidèle, avec beaucoup de diplomatie. Je ne l’ai jamais entendu dire un mot désagréable sur quiconque. Il était toujours aimable, calme et de compagnie très agréable.

   La dernière fois que je l’ai rencontré, c’était l’an dernier. J’étais en contrebas de la route. Lorsqu’il m’a vu, il s’est arrêté, a descendu le talus comme s’il avait quinze ans, pour me serrer la main ; il l’a remonté pareillement, me saluant avec son sourire si sympathique.

   Henri était un de ces amis que l’on ne peut pas oublier tant était grand son dévouement et ses qualités humaines. »

 

C.G.A. : Confédération Générale de l’Agriculture

I.N.A.O. : Institut National des Appellations d’Origine Contrôlée

C.I.V.B. : Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux

- Sem.

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